Avec les artistes du land art, la nature n'est plus simplement représentée : c'est au cœur d'elle-même (in situ)
que les créateurs travaillent. Ils veulent quitter les musées et les
galeries avec leurs tickets d'entrée et heures d'ouverture afin de
véritablement « sortir des sentiers battus ». L'œuvre doit être non plus
une valeur marchande vouée à une élite mais une véritable expérience
liée au monde réel. Les œuvres sont souvent gigantesques, comme Double Negative de Michael Heizer, où 240 000 tonnes de roches sont déplacées dans le désert du Nevada. Spiral Jetty de Robert Smithson (1970) était une longue jetée de 457 m de long et de cinq mètres de large environ au bord du Grand Lac Salé[1].
Elle fut engloutie par une brusque montée des eaux en 1972. Outre les
productions des artistes américains, qui forment le cœur du mouvement,
il convient de citer la peinture des montagnes du Tibesti par Jean Verame.
Les artistes utilisent les matériaux de la nature (bois, terre,
pierres, sable, rocher, etc.) et creusent, déplacent, transportent,
accumulent, griffent, tracent, plantent… Ils introduisent aussi des
produits manufacturés : 400 poteaux en acier inoxydable dans le désert
du Nouveau-Mexique (Walter De Maria, The Lightning Field), 2 700 parasols jaunes ou bleus simultanément sur la côte californienne et au Japon (Christo et Jeanne-Claude, The Umbrellas[2]), ou de gigantesques nénuphars de tissu rose autour des îles de Floride (Christo et Jeanne-Claude, Surrounded Islands).
Les artistes travaillent souvent dans des lieux éloignés des centres
urbains et l'usage de la photographie leur permet de faire connaitre
leurs œuvres. Des croquis, reportages et vidéos sont présentés au public
et permettent à l'artiste de vivre et de réaliser d'autres œuvres.
C'est ainsi que dans les années 1970, certaines œuvres réintègrent les
musées et expositions, d'abord par l'image puis par des installations
dans les espaces intérieurs, comme Ligne d'ardoises de Richard Long au Centre d'arts plastiques contemporains de Bordeaux (CAPC). Ainsi cette aventure renouvelle-t-elle la longue tradition du paysage.
Si les Earthworks sont des altérations durables du paysage, la plupart des œuvres du land art relèvent plutôt de l'art éphémère, vouées à plus ou moins longue échéance à la disparition sous l'effet des éléments naturels.
No comments:
Post a Comment